Axes de recherche et expertise
Humanitaire : la mouche tsé-tsé dans le viseur du labo BF2i
Il ne s’agit que d’une mouche et pourtant ! Porteuse du parasite Trypanosoma brucei, elle est à l’origine d’un fléau humanitaire en Afrique : la maladie du sommeil chez les hommes et les animaux domestiques.
Participant avec 16 pays dans un programme de recherche soutenu par les Nations Unies, le laboratoire BF2i de l’INSA Lyon aide au développement de technologies nouvelles pour permettre aux populations humaines et au bétail d’échapper aux conséquences mortelles d’une piqûre de mouche tsé-tsé.
Que comprendre derrière le terme « maladie du sommeil » ? Selon l’Institut Pasteur, il s’agit d’une maladie qui atteint le système nerveux central de la personne ou de l’animal touché, aux conséquences souvent fatales. Fièvre, maux de tête, fatigue, inflammation des ganglions lymphatiques, troubles du sommeil puis détérioration du système nerveux en sont les symptômes. 70 millions de personnes dans 36 pays d’Afrique subsaharienne sont exposées au risque d’être contaminées par un insecte d’abord connu par la singularité de son nom : la mouche tsé-tsé.
Si l’épidémie est en baisse depuis 2009, on compte à l’heure actuelle 7000 nouveaux cas par an (source Institut Pasteur).
« La lutte contre la maladie du sommeil est engagée par les Nations Unies, avec la mise en place en 2007 d’un programme soutenu conjointement par l’IAEA (agence Internationale de l’énergie atomique) et le FAO (organisation des nations unies pour l’alimentation et l’agriculture). Il engage l’éradication de la mouche tsé-tsé en procédant à la stérilisation des mâles par voie radioactive. Ce programme a été reconduit en 2013, pour se recentrer jusqu’en juin 2017 sur l’optimisation des nouvelles technologies employées, pour parvenir à un niveau de protection maximum et avec coût de production optimum dans une lutte qui se veut respectueuse de l’environnement » précise Adly Abd-Alla, virologiste à l’IAEA.
Présent sur le campus de l’INSA Lyon, le Professeur Adly Abd-Alla participe en ce début du mois de juin 2016 à deux semaines d’échanges intenses autour de cette problématique. En effet, c’est au laboratoire BF2i (UMR INRA/INSA de Lyon 0203, Biologie Fonctionnelle, Insectes et Interactions) que des chercheurs de seize pays, d’Afrique, d’Amérique et d’Europe associés au programme, se sont rassemblés, avec en plus un consultant venu du Kenya et trois observateurs d’Italie, Allemagne et France.
« Dans le cadre de ce programme, une délégation se réunit tous les 18 mois pour coordonner la recherche, discuter des résultats de recherche et pour planifier les futurs programmes de collaboration et de formation des chercheurs africains. La dernière réunion s’est déroulée en décembre 2014 à Addis Abeba en Ethiopie, au cours de laquelle s’est manifesté un besoin fort de former les chercheurs aux techniques histomoléculaires qui permettent l’identification spécifique et l’analyse du microbiote d’insectes. BF2I maîtrise ces techniques et dispose d’un plateau d’imagerie cellulaire, appelé Symagerie et dédié à la recherche et à la formation, nous avons donc été sollicités pour prendre en charge cette formation » explique Abdelaziz Heddi, directeur du laboratoire BF2i.
Suite à cette formation, BF2i a organisé dans la foulée le 3ème RCM (research coordinated meeting) du programme.
« Nous sommes intéressés par l’INSA pour son « A », des sciences Appliquées, et pour la pluralité de ses domaines de compétences. Nous ne faisons pas de la recherche pour la recherche mais pour trouver des solutions. Dans ce cas précis, il fallait trouver une solution adaptée et ciblée sur cette espèce d’insecte, sans éliminer d’autres insectes. Grâce à nos recherches, les efforts engagés dans cette lutte contribueront au contrôle de cette maladie dévastatrice du continent africain » indique le Professeur Adly Abd-Alla.
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Thèmes des deux workshops organisés par BF2i
- Caractérisation des symbiontes de la mouche avec une approche bioinformatique
- Identification du microbiote des populations naturelles de la mouche tsé-tsé à l’aide de la microscopie fluorescente